François Hollande se fait épingler par la Cour des Comptes de Bruxelles !

Dans un rapport, la Commission européenne épingle le programme socialiste.


L’Europe est encore malade de ses finances publiques et de ses déséquilibres macro-économiques.  » Mais les médicaments commencent à agir « , affirme José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, au terme du premier exercice de « surveillance macro-économique », sorte de bilan de santé de l’économie des pays membres, dont la réalisation a été confiée par les Vingt-Sept à la Commission. Douze pays ont particulièrement été scrutés. Les plus malades sont l’Espagne et Chypre. Vient ensuite un groupe de quatre pays, parmi lesquels l’Italie et… la France.

Le bilan n’est pas tendre pour l’Hexagone, et les remèdes mis en avant par la Commission sont clairement d’inspiration libérale, et vont à l’encontre d’une bonne partie de ceux préconisés par le Dr Hollande. À commencer par le marché du travail. Ainsi la Commission déconseille d’augmenter le smic. « Il faut s’assurer que toute modification du salaire minimum soit bien créatrice d’emplois et de compétitivité », insistent les experts de Bruxelles, après une visite d’auscultation de plusieurs jours à Paris, et tandis que François Hollande a promis un « coup de pouce » au salaire minimum, mardi.

Constatant que les chances de passer d’un CDD à un CDI ont diminué de 45 % en 1995 à 12,8 % en 2010 (pour une moyenne de 26 % dans l’UE), la Commission recommande de réduire le niveau de protection des contrats de travail et de faciliter les licenciements : le marché du travail doit être plus flexible. Cette évolution doit aller de pair avec un renforcement des moyens de Pôle emploi pour l’accompagnement des chômeurs et leur reconversion. Certaines professions (comme celle d’avocat) devraient être déréglementées pour leur permettre d’attirer plus de vocations.

Bilan de santé

La fiscalité doit aussi être réformée, affirme la Commission : les contributions sociales sur les salaires en France sont les plus élevées de toute l’Union. Cela a un impact sur les coûts salariaux et, en conséquence, sur la compétitivité des entreprises. Il faut donc les alléger et, en contrepartie, augmenter la fiscalité sur l’environnement et la consommation. Ce que Nicolas Sarkozy souhaitait faire en mettant en place la TVA sociale… que François Hollande a promis d’abroger. Lire la suite sur : Lepoint.fr

C’est un avertissement sans frais au président élu. En l’absence de nouvelles mesures d’économies, a prévenu vendredi Bruxelles, la France ne parviendra pas à tenir son objectif de réduction du déficit public à la fin 2013. Très attendues, les prévisions de croissance de printemps de la Commission européenne ont confirmé ce que le FMI avait déjà signalé il y a deux semaines : la trop faible croissance prévue pour la France d’ici la fin de l’année prochaine ne permettra pas de tenir le rythme de désendettement auquel les deux finalistes de l’élection présidentielle se sont engagés. Cette dégradation des comptes publics plus forte que prévu n’a visiblement pas surpris François Hollande qui, très serein vendredi à Tulle, a affirmé avoir déjà «anticipé» cette aggravation du déficit qu’il connaissait «depuis plusieurs semaines».

Que dit la Commission ?

Selon ces prévisions détaillées par Bruxelles, le déficit public de la France devrait atteindre 4,2% en 2013, contre les 3% prévus. Résultat, la dette publique devrait elle aussi continuer à augmenter, passant de 85,8% du PIB en 2011 à 90,5% cette année et 92,5% en 2013. Sur la voie d’une «lente amélioration», dixit Bruxelles, la France fait certes mieux que les 5,1% de déficit à la fin 2013 que la Commission prévoyait lors de ses dernières prévisions à l’automne, mais elle ne prenait pas en compte l’impact du deuxième plan de rigueur de François Fillon. Très diplomate, évitant les termes qui fâchent comme celui de «consolidation budgétaire», Olli Rehn, commissaire aux Affaires économiques, n’a pas voulu insulter l’avenir. Il a précisé que cet écart entre ses prévisions et l’objectif de 3% affiché par François Hollande durant la campagne présidentielle était attribuable «surtout au fait que cette prévision [était] basée sur un scénario de politique inchangée». Bruxelles attend donc que «les autorités françaises spécifient les mesures envisagées pour 2013», afin d’honorer ces objectifs.

Pourquoi ce dérapage ?

Dans son rapport, Bruxelles souligne d’abord les aspects positifs de la trajectoire budgétaire de la France depuis deux ans. Comme l’a rappelé Olli Rehn, la France a terminé l’année 2011 avec un déficit plus bas que prévu (5,2% au lieu de 5,7%) et dépassé ses prévisions «pour la deuxième année consécutive». Comparé à la plupart de ses voisins européens, l’activité s’y est également maintenue à un niveau supérieur à celui de la moyenne de la zone euro. Grâce à une consommation qui a bien résisté, des investissements encore dynamiques en 2011 et des exportations très vigoureuses dans certains secteurs comme l’aéronautique. Et même si la consommation ne jouera plus «au même niveau» son rôle de «moteur de la croissance» en 2012, elle permettra à la France d’éviter la récession. Avec une croissance estimée à 0,5% en 2012 – contre 0,7% espéré par le gouvernement sortant -, la France continuera de faire bien mieux que la moyenne de la zone euro, où l’activité reculera de 0,3% cette année. Une performance qui, selon Bruxelles, devrait permettre à l’Hexagone de tenir son objectif de 4,5% de déficit public à la fin de l’année.

Voilà pour les bons points. Car cette croissance très ténue n’empêchera pas la situation de l’emploi de continuer à se dégrader. Bruxelles table sur un chômage à 10,2% cette année et à 10,3% l’an prochain. Un taux qui va forcément peser sur la consommation des ménages et in fine atteindre l’activité, rendant plus difficile la maîtrise de la dépense publique. Voilà pourquoi la croissance ne sera «que» de 1,3% en 2013 selon Bruxelles, alors que le gouvernement sortant avait prévu 1,75%. Un décalage qui, selon Bruxelles, rend impossible de parvenir à l’objectif de 3% de déficit fin 2013. «Les chiffres concernant le déficit sont liés aussi aux chiffres concernant la croissance en France», a expliqué vendredi Olli Rehn.

Quelles conséquences pour la France ?

Placé comme douze autres pays de la zone euro – sur dix-sept – sous surveillance de Bruxelles en raison de ses «déséquilibres macroéconomiques», l’Hexagone fait actuellement l’objet d’une enquête approfondie menée par la commission. Elle livrera ses conclusions d’ici au 30 mai. José Manuel Barroso et ses équipes feront alors part de leurs recommandations sur les mesures à prendre afin de doper la croissance et de tenir les objectifs de réduction du déficit public sur lesquels ces pays se sont engagés envers Bruxelles. «Il va bien falloir finir par tailler dans les dépenses et plus seulement miser sur une hausse des prélèvements qui sont déjà parmi les plus élevés de l’Union, confie un diplomate européen à Libération. On voit mal comment 60 000 embauches dans l’Education nationale ou la hausse du Smic vont pouvoir s’accorder avec ces objectifs.» Comme à son habitude, Bruxelles devrait donc logiquement inviter la France et les autres pays sous surveillance à des réformes structurelles afin d’améliorer leur compétitivité. «Parmi les grands pays, la France est celui qui a le plus perdu en compétitivité»,aurait déclaré cette semaine un ponte de la Commission, suggérant que la Grèce n’est pas la seule à devoir réduire ses salaires… Dans le cas où la France ferait la sourde oreille à la demande européenne d’un effort supplémentaire – le collectif budgétaire de cet été devrait y répondre avec un nouveau plan de rigueur -, la Commission serait en droit de lui adresser un premier avertissement. Le gouvernement aura ensuite jusqu’au 15 octobre pour envoyer à Bruxelles son budget 2013. Et cette fois, si elle juge Paris toujours incapable d’atteindre l’objectif de 3% de déficit public, la Commission déclenchera la procédure de déficit excessif avec, à terme, de fortes sanctions pécuniaires à la clé. On n’en est pas encore là.

Sources : lepoint.fr , liberation.fr , google search


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